La psychologie au poker
Le 03/11/2009
Le poker, porté par sa variante la plus populaire le Texas Hold’em, est un vrai jeu de stratégies. Si la part de chance a été réduite au minimum, c’est avant tout pour laisser place à des phases de réflexions et garantir de vraies possibilités de progression aux joueurs.
Le rôle des émotions
Le talent n’est pas tout et être à l’aise devant son écran d’ordinateur ne garantie pas le succès autour d’une table de jeu. Ainsi, l’aspect psychologique du poker est un facteur décisif dans le déroulement d’une partie, tout autant que les capacités des joueurs.
Devant ses partenaires de jeu, et quelque soit la situation, un joueur doit ainsi savoir garder son calme. Il s’agit de ne pas indiquer quelle pourrait être l’orientation de son jeu à ses adversaires. Le premier conseil asséné par tous les joueurs et livres sur le sujet est : « laissez vos émotions hors de la salle de poker ».
Beaucoup de comportements peuvent être interprétés à la table par les adversaires : tenues des jetons, jeu avec les cartes, mains moites, attitudes du regard et du visage. Ce sont les « tells », qui existent aussi au poker en ligne.
Connaître ses partenaires et décrypter leur jeu
Mais en plus de contrôler ses émotions, un joueur doit aussi savoir décrypter celles des autres joueurs. Qu’il s’agisse de comprendre pourquoi un adversaire fait des tours avec ses jetons (ennui ? réflexe ? intimidation ?) ou bien d’engager une discussion (« table talk »), un bon joueur doit faire attention à tout ce qui se passe et se dit à sa table.
Mais tout élément n’est pas à prendre en compte ni même percevable sans une fine observation du jeu. On parle en effet de « seuil absolu » pour la détection du signal, c'est-à-dire la plus petite intensité avec laquelle un signe peut être détecté. Il s’agit de le maitriser non seulement pour percevoir les signaux d’autres joueurs mais aussi pour canaliser les siens.
A contrario, il convient de sélectionner, parmi les informations qui vous arrivent, celles qui sont pertinentes pour votre jeu (on appelle cela le « clustering »).
Etre réaliste face à son propre jeu
L’autre versant de la psychologie du poker concerne la capacité d’un joueur à lire son propre jeu et à mettre en place une stratégie réaliste. Le feeling ne fait pas tout. Ainsi, il est surréaliste d’estimer ses capacités à une table avant même que les cartes ne soient distribuées. C’est une méprise qui empêche non seulement d’avoir une lecture stratégique de sa main mais aussi de se faire une idée correcte de ses adversaires.
Au cours de la partie, d’autres erreurs peuvent survenir comme le « syndrome du Titanic ». C'est l’incapacité de voir les événements se produire, suivie d’une mauvaise réaction lorsqu’ils se réalisent. De même, une « attention sélective », c'est-à-dire un joueur qui se focalise sur certains aspects de la partie au détriment d’autres tout aussi (voir plus) importants, peut aussi mener à une défaite.
Chance ou mathématique ?
Au poker, les joueurs surestiment souvent la « malchance » les concernant et, à l’inverse, le rôle de la chance dans le parcours des autres joueurs. La question de la chance est en effet au fondement de ce jeu. Si l’expérience et la lecture des jeux est primordiale, la chance est aussi un élément à prendre en compte de son analyse du jeu.
Pour essayer de minimiser cette part de chance, ou plutôt essayer de la contrôler, les joueurs ont essayé de dévoiler des règles mathématiques pour sous-tendre leur jeu : ce sont les statistiques du poker. Ainsi, la régression à la moyenne signifie que toute série d’événements mathématiques tend vers une valeur moyenne. Il n’y aurait donc à long terme pas de chance ou de malchance.
On peut dire que plus le niveau des joueurs est bon, et plus la part de chance est réduite. Ainsi, le poker à la télé réserve son lot de surprises, mais les meilleurs joueurs de poker du monde se retrouvent fréquemment dans les tables finales, ce qui n’est pas un hasard.
Les particularités du poker en ligne
Sur internet, impossible de lire dans l’attitude des joueurs à table. La psychologie est résumée aux cartes et aux choix visibles sur l’écran. Par exemple, l’expression du visage d’un joueur peut signifier beaucoup lors d’un coup de bluff, et sur internet cela n’existe évidemment pas même si les tells pour le poker en ligne existent.
Cette différence, entre jeu réel et virtuel, amène le plus souvent des joueurs sur internet à affronter dans des casinos des joueurs réguliers qui, par leur expérience des tables de jeu, n’en font qu’une bouchée.
Mais à l’inverse, la « loi online de Buckner-Norwood » pose que nombre de joueurs en étant pourtant très expérimentés sont incapables de jouer avec succès au jeu en ligne car ils ne sont pas suffisamment stimulés.
Jouer en ligne et jouer dans des casinos terrestres sont donc deux choses différentes mais qui demandent toutes les deux une part de psychologie importante pour analyser le jeu de ses adversaires et pour mettre en place sa propre stratégie.
Vous pouvez lire l’avis d’un joueur de poker sur la différence entre le poker « en vrai » et le poker virtuel.