Y a-t-il un profil type du turfiste qui parie sur les courses ?
Le 04/08/2010 | 1 commentaire
Tâchons d’analyser quels sont les joueurs qui parient sur le turf depuis des dizaines d’années. Comment a évolué le milieu et les turfistes ? Eléments de réponse.
Aux ouvriers le PMU…
Le milieu hippique est un milieu populaire, ouvert à tous les passionnés de chevaux et aux amateurs de « frissons des pronostics ». Si les courses ont quasiment toujours existé, la démocratisation des paris hippiques est directement liée à l’évolution des modes de paris modernes.
Le turf comme phénomène de masse est plutôt récent, il s’ouvre véritablement à tous que depuis les années 80. Jusqu’à cette période, les mises n’étaient autorisées qu’en direct des champs de courses, à des horaires de bureau pendant lesquels les travailleurs ne pouvaient s’y rendre. L’arrivée en 1988 de l’informatisation des points PMU et la naissance du Quinté+ ont ouvert le pari à ceux qui ne pouvaient se déplacer dans les hippodromes.
Depuis, le turfiste a généralement deux principales motivations : la passion des chevaux et l’appât du gain. Dans son essai « Faites vos jeux », le sociologue Jean-Pierre Martignoni définit le turfiste comme « un joueur spécialisé dans les courses hippiques, régionales ou nationales. Il fréquente assidûment les hippodromes, les points de courses (…). Le turfiste joue quotidiennement ou d’une manière multi-hebdomadaire. Il revendique sa qualité de turfiste, même s’il ne se considère pas comme joueur. Il connaît un grand nombre de chevaux, de jockeys, d’entraîneurs, d’hippodromes, et lit régulièrement la presse spécialisée ».
Le turf comme échappatoire à la crise
De l’autre bord, la crise financière en 2008 puis économique quelques mois plus tard n’a pas affecté les jeux d’argent dont les paris sportifs. En janvier 2010, le JDD a révélé qu’en 7 ans, la somme des recettes générées par les jeux d’argent a augmenté de plus d’un million et demi d’euros, soit le prix d’un Airbus A320. A lui seul le PMU a connu une hausse de plus de 0,4% sur l’année 2009. Sur les 10 400 points de vente PMU, le pari hippique génère près de 660 millions d’euros.
Pour Denis Muzet, directeur général de l’Institut Médiascopie, la crise a modifié le rapport des Français face à l’argent. « Le jeu est devenu une forme de spéculation pour les petites gens. Les Français ont besoin de se faire plaisir et recherchent sans doute à se consoler de leurs difficultés même avec des petits gains ». Il pousse son analyse plus loin en constatant que les joueurs les moins fortunés sont plus attirés vers les jeux « simples, bien identifiés, rassurants » comme ceux de la FDJ ou du PMU, « d’autant plus qu’il y a derrière ces enseignes la puissance tutélaire rassurante de l’Etat ».
Dorénavant, avec l’ouverture des paris hippiques en ligne, l’engouement pour les courses pourrait encore augmenter. Ou pas. Car parmi les turfistes amateurs de gains, beaucoup y cherchent le frisson du pari et l’immédiateté d’une récompense. Avec la nouvelle offre de sites de paris sportifs légaux (agréés par l’ARJEL) depuis juin 2010, ces joueurs désertent de plus en plus les points PMU pour se consacrer sur internet, plus facile d’accès et avec une offre plus variée. Ajoutons qu’il est plus intéressant de turfer sur internet qu’en « réel », avec des cotes supérieures. Le web a aussi permis d’attirer des joueurs plus jeunes, rendant le milieu du turf plus ouvert qu’autrefois… mais de là à dire que l’on peut turfer sans rien connaître aux courses hippiques, il y a un monde. Mieux vaut s’informer un minimum avant de se lancer.
A l’élite fortunée les grands Prix
Si le turf rassemble une majorité de joueurs populaires, ce sont plutôt des têtes richement chapeautées que l’on retrouve dans les allées des champs de courses des plus grands Prix du monde. Par exemple sur la pelouse du Grand prix de Diane où la majorité des invités sont moins intéressés par les chevaux que par les flashs des photographes. Quant au milieu dirigeant de l’hippisme, il ressemble parfois plus à un club de rencontres pour grands patrons qu’à une véritable réunion de passionnés.
Dans le « Figaro Magazine », Ghislain de Montalembert et Jean-René Van der Plaetsen ont décortiqué les coulisses du club le plus fermé de la capitale : « Le Jockey, c'est une grande famille. Ici, la règle est de ne jamais se présenter entre membres. Tout le monde est supposé se connaître » (…). De tous les cercles parisiens, le Jockey Club, créé en 1834 par la Société d'encouragement pour l'amélioration des races de chevaux, est l'un des plus sélects. Sans doute parce qu'il ne suffit pas, pour y entrer, d'avoir réussi dans les affaires ou d'occuper le devant de la scène médiatique. Ici, seuls le pédigrée généalogique (les deux tiers des membres appartiennent à la noblesse française) et la réputation comptent (…) ».