Publicité pour les jeux en ligne : le CSA tranchera en juin
Le 11/05/2010
La consultation lancée par le CSA le 23 avril dernier à pris fin vendredi. Les représentants des chaînes de télévision et de radio ne décolèrent pas. Le verdict est attendu pour début juin.
Des propositions qui divisent
La libéralisation des jeux en ligne suppose qu’un opérateur en possession d’une licence de jeu française aura le droit de promouvoir son produit. Mais c’est plus facile à dire qu’à faire. La consultation qu’avait lancée le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel fin avril vient de prendre fin et le débat ne semble pas réellement clos, concernant les conditions dans lesquelles les opérateurs de jeux en ligne auront le droit de faire de la publicité.
Cette consultation offrait plusieurs options dont 3 concernant la télévision et 2 pour la radio. La première option relative à la télévision interdit la publicité et le parrainage de 6 à 9h, de midi à 14h et de 17h à 21h les lundi, mardi, jeudi, et vendredi et les mercredi de 6h à 23h. La deuxième option, quand à elle, interdit tout simplement la publicité entre 5h et 22h30. La troisième, qui n’autorise pas la pub dans la même tranche horaire, permet tout de même des dérogations spéciales à l’occasion des retransmissions sportives et hippiques ainsi que 5 minutes avant et après ces programmes. Concernant la radio cette fois, la première option interdit la publicité de 17h à minuit. La deuxième concerne la même tranche horaire mais permettrait, là aussi, des autorisations exceptionnelles.
En outre, le CSA préconise que les messages publicitaires devront respecter la loi française de protection des mineurs, pour cela deux solutions étaient également proposées. Premièrement, ils ne doivent pas « laisser penser que les mineurs peuvent jouer ». Deuxièmement, les operateurs devront, dans chaque publicité, mentionner que les jeux sont interdits aux mineurs. Parallèlement, l’Institut National de Prévention et de l’Education vient de présenter des mentions légales à faire apparaître dans les messages publicitaires : « Endettement, dépendance, isolement, jouer comporte des risques » et « Famille, vie sociale, santé financière, êtes-vous prêts à tout miser ».
La télé et la radio ne semblent pas prêts à céder
Les chaînes de télévision comme de radio s’opposent à ces propositions et ne semblent pas en mesure de négocier. En effet, ils réclament une plus grosse part du gâteau publicitaire que représente le marché des jeux en ligne. Vendredi 7 mai, dernier jour de la consultation publique, les patrons de 7 grandes chaînes se sont rendus au CSA pour protester haut et fort contre ces propositions. En tête du cortège contestataire, Nonce Paolini, de TF1, Nicolas de Tavernost, de M6, Bertrand Meheut, de Canal+, mais aussi Christopher Baldelli, de RTL, Jean-Paul Baudecroux, de NRJ, Alexandre Bompard, d’Europe1, et Alain Weill, de NextRadioTV.
Très déçus de l’accueil qui leur a été réservé (ils n’ont pas pu voir Michel Boyon, président de l’autorité de régulation), ils ont tout de même tenu à rappeler « de manière très vive » aux deux conseillers présents, Emmanuel Gabla et Françoise Laborde, que le CSA dépassait de loin l’esprit de la loi adoptée sur l’ouverture du marché. Ils se sont également plaints de l’absence de concertation préalable à la consultation publique. Pour calmer le jeu, Emmanuel Gabla n’a cessé de déclarer que « des modifications substantielles » pourraient être apportées aux propositions du CSA. Mais jusqu’où iront ces modifications ? Les parties associées à la consultation publique, à savoir annonceurs, télévisions, radios et opérateurs de jeux, demandent désormais une autorégulation qui se limiterait à l’interdiction de la publicité autour des émissions pour la jeunesse et sur les chaînes jeunesses. Mais les operateurs sont clairs : « Hors de question de confondre jeunesse et mineurs ».
Le CSA qui doit rendre son verdict entre le 1er et le 15 juin, autant dire au dernier moment, n’est pas près de voir la polémique désenfler. Surtout que les contestataires ont reçu un soutien de taille, le sénateur UMP de Toulon François Trucy. Rapporteur du projet de loi, celui-ci aurait envoyé un courrier au CSA cette semaine le mettant en garde d’une interprétation abusive du texte.