La télé, nouvel eldorado pour la publicité des opérateurs de jeux ?
Le 09/04/2010
Canal+ annonce la création d’une co-entreprise avec Ladbrokes, destinée à un service de paris sportifs et de jeux en ligne. Une énième alliance entre le monde des jeux d’argent et le monde télévisuel qui en dit long alors que le CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) est intervenu pour signaler que l'émission « Stars of Poker » diffusée sur la chaîne cryptée s’apparente à de la publicité clandestine en faveur de PokerStars.
Alors pourquoi des chaînes comme RTL9 ne sont pas attaquées et quel est l’avenir de la pub pour les jeux d’argent à la télé ?
A chacune son opérateur
Canal+ et Ladbrokes, la plus grande société de paris en Grande-Bretagne, ont donc annoncé la création d’une nouvelle marque dont le nom n’a pas encore été communiqué. Celle-ci combinera l’expérience de Ladbrokes en matière de technologies et l’accès aux médias, fournit par la chaîne privée. Une stratégie de communication qui n’est pas nouvelle. Europe1 par exemple s’est associé avec Betclic, de la même manière que l’a fait le groupe Amaury (L’Equipe, Le Parisien, France Football,…) avec Bwin ou encore tout récemment M6 avec Mangas Gaming.
Ces accords sont donc de notoriété publique, mais ces chaînes ne sont pas (encore) en droit de faire de la publicité pour ces sites proposant des jeux d’argent illégalement. De plus, leurs accords pourraient poser quelques problèmes de conflits d’intérêts. Si ces collusions ne semblent pas déranger en France, certains pays ne les voient pas d’un bon œil. La Belgique par exemple, chez qui la publicité pour les jeux d’argent est également interdite, surveille de près certaines chaînes de télévision accusées de s’être trop rapprocher d’opérateurs de jeux.
Que dit la législation française ?
On peut déjà constater que certains opérateurs sont très présents, malgré l’interdiction, dans les journaux, ou sur les sites internet, des médias avec qui ils ont des accords. Bwin, par exemple, fait de nombreuses apparitions dans le journal « L’Equipe » pendant qu’Unibet fait sa pub sur MCM et RMC. De plus, certaines chaînes comme RTL9 diffusent des programmes de poker sans dissimuler les marques et publicités. En effet, RTL9, pour ne garder qu’elle, n’est pas une société française mais luxembourgeoise, qui obéit donc aux lois du Luxembourg. Dans quelles mesures peut-on alors espérer la sanctionner ? Surtout quand on sait que dans quelques mois, elle ne sera plus illégale. En effet, la législation prévoit normalement une égalité de traitement entre tous les moyens de communication et de promotion. La publicité sera donc réglementée, mais autorisée, à la télévision pour les opérateurs de jeux d’argent légaux, une fois le projet de loi appliqué. La multiplicité des partenariats avec différentes chaînes de télévision présage de la déferlante de pub qui nous attend au mois de juin sur nos écrans.
Une solution pour lutter contre le PMU et la FDJ ?
Il existe, dans le droit français, une vérité simple : seule la publicité pour les opérateurs de jeux autorisés est autorisée. Or le monopole de la Française des jeux et du PMU, seuls autorisés jusqu’à présent, rend la concurrence à l’ouverture du marché très inégale. Eric Woerth a bien déclaré que « le gouvernement n’acceptera pas que certains opérateurs anticipent l’ouverture par la multiplication d’opérations publicitaires », cela n’empêche pas que la notoriété de ces deux organismes ne nécessite pas d’opération publicitaire d’envergure. Le seul fait, par exemple, que la Française de Jeux ait remanié le nombre de petits gagnants ou, ait lancé un nouveau jeu (Oxo) dont elle fait la publicité, notamment à la télévision, participe d’une campagne en vue de l’ouverture du marché. Les moins connus doivent donc rivaliser d’ingéniosité pour se faire connaitre quitte, parfois, à flirter dangereusement avec l’illégalité.