Va-t-on revenir sur le « droit au pari » accordé aux bookmakers ?
Le 06/10/2010
Les premiers conflits relatifs à l’ouverture à la concurrence des jeux d’argent en ligne ne se sont pas fait attendre. Ces polémiques opposant les opérateurs et les différentes institutions sportives se cristallisent sur la question du droit au pari. Réel droit de regard des institutions sur les paris, cette disposition est loin de faire l’unanimité.
Petit rappel du « droit au pari »
La libéralisation du secteur des paris sportifs a entraîné la délivrance de nombreuses licences pour les bookmakers en ligne, bientôt trop diront certains. Nombreux sont ceux qui veulent tirer profit de ce marché estimé à prêt de 5 milliards d’euros.
La multiplication des acteurs dans ce domaine fait planer le spectre de la corruption sur les événements sportifs. Afin de limiter ce risque, la nouvelle législation institue un véritable droit de propriété sur les compétitions et permet aux organisateurs de disposer librement d’un droit au pari. Sur le modèle des droits de retransmission, les différents bookmakers en ligne doivent négocier la permission de proposer certaines compétitions aux parieurs. Même si le texte législatif spécifie que ces droits ne doivent en aucun cas être discriminatoires ou exclusifs de nombreux opérateurs s’opposent à ce dispositif.
Dans les faits...
Ce qui oppose réellement les sites spécialisés et les différentes institutions, c’est le prix de ce droit au pari. Fixé autour de 1% des mises, il est jugé trop élevé par les professionnels du secteur. Ainsi, pour Olivier Ou Ramdane, PDG d’EurosportBET, « cela représente 25 % de nos revenus nets, c’est-à-dire une fois les gains reversés aux joueurs et les taxes payées ».
Le bookmaker d’Eurosport et de TF1 n’est pas le seul à monter au créneau : SAjOO et Betclic s’opposent eux-aussi au droit au pari, tout comme Unibet, qui n’a pas encore de licence en France pour l’instant. Le site de paris sportifs de Mangas Gaming, Betclic, menace même de saisir le Conseil Constitutionnel.
Quelles alternatives ?
Dans un souci de limiter les possibilités d’accords directs entre les institutions sportives et les opérateurs de paris sportifs, le député Yves Censi propose un système proche de celui de la SACEM. La Société des Auteurs, Compositeurs et Editeurs de Musique est en charge de la gestion des droits d’auteurs de son catalogue pour ce qui est de leur diffusion publique. Ce système d’intermédiaire limiterait les possibilités d’entente entre les opérateurs et les diverses fédérations. En Australie, le droit au pari représente déjà 2 à 3% des mises sur les différents sites locaux.