Quand faire all-in (ou « tapis ») ?
Le 12/11/2009
Lorsque l'on prend la décision de mettre son tapis en jeu sur une seule main il faut être sûr de soi, quelle que soit la raison qui nous pousse à le faire : un gros bluff, une certitude, un coup désespéré. Dans tous les cas, le « all-in » est un acte fort à ne pas lancer à la légère.
Un all-in synonyme de bluff
Mettre tous ses jetons devant soi, avec un regard déterminé (ou avec rapidité pour les joueurs on-line) est souvent source de stress pour les autres adversaires présents à la table. Mille questions se posent à eux et vous êtes le seul à avoir la réponse. C'est le moment de ne pas flancher pour ne pas leur avouer que vous bluffez. Car bien sûr, le all-in fait peur et il peut rapporter très gros ! Généralement (et surtout en début de partie) vos concurrents ne seront pas prêts à jouer leur place sur une seule main. Ils ne vous connaissent pas, ils ont peur de partir sans compter qu'ils n'ont pas de tapis suffisament conséquent pour vous tenir tête.
Quand les tapis de deux joueurs sont équivalents, attention au all-in de bluff. Il peut vous coûter votre place. Mesurez toujours les risques de vos actes et sachez faire tapis au bon moment.
Par-contre, pour les parties en heads-up, le all-in est très significatif. Il permet de vous affirmer et de prendre l'ascendant sur votre adversaire. Idéalement, il faudrait tenter le all-in lorsque vous avez un beau jeu : en heads-up la valeur des mains est quand même moins haute que pour les parties multijoueurs puisque forcément il y a moins de chances de combinaison. A ce moment-là, le all-in est encore plus effrayant pour l'adversaire car en même temps que ses jetons et sa place il perd le face-à-face que vous aviez formé. C'est d'autant plus gênant pour lui qu'il a frôlé la première place. Servez-vous de cette crainte !
Un all-in synonyme de certitude
Vous êtes sûr(e) de remporter le pot ? Une couleur à l'As ? Une quinte ? Alors oui, allez-y. C'est le moment ou jamais.
Le poker reste un jeu complexe et il n'est jamais sûr à 200% qu'un pot sera à vous mais il y a des mains qu'on ne peut coucher. Au lieu de suivre d'importantes relances qui amenuisent votre tapis, avancez vos jetons et contraignez votre adversaire à prendre un risque. S'il est sûr de son coup, il jouera (et vous avez toutes vos chances) et s'il n'est pas sûr vous remportez le pot avec les mises précédentes et les blinds. D'ailleurs, n'oubliez pas que votre attitude durant la main sera analysée et qu'à ce moment fatidique elle sera revue par votre adversaire. Ainsi, si vous êtes très confiant depuis le flop, jouez à la tête-brûlée, il y a de fortes chances pour qu'ils n'envisagent pas un beau jeu flopé. Par-contre, si la carte qui vous manquait tombe sur la river (ce que les autres joueurs risquent de remarquer) jouez à celui qui hésite et poussez-les à miser ou à avancer leur tapis.
La stratégie, donc, se joue dès la distribution des cartes et se maintient jusqu'à la river !
Un all-in synonyme de désespoir
Lorsque votre tapis est maigre suite à plusieurs mains peu ou pas lucrative, l'heure est au danger. Vous ne parviendrez jamais à des tables finales sans une prise de risque. De toute façon, les blinds augmentent et il serait bête de partir parce que votre tapis s'est fait grignoté. Attendez une belle main (de préférence avec un As, ou une paire servie) et lancez all-in dès la distribution. De cette manière, même les plus riches se poseront des questions. Laissez les cartes décider de la suite des évènements.
Suivant vos possibilités vous pouvez aussi payer la blind pour voir le flop. Cela vous permettra de mesurer vos chances de gain. Mais attention à ne pas se laisser embarquer dans un pot qui ne vous apportera rien ou à tenter plusieurs flops sans jamais se lancer concrètement.
Le all-in a changé !
La récente effervescence du poker a ammené de nouveaux joueurs, notamment sur internet. Ce fait là reste une donne importante en ce qui concerne les all-in. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il y a clairement deux types de joueurs : la "vieille école" et les nouveaux joueurs (souvent on-line).
D'après les interviews et les constations faites durant des tournois et des cash games, on remarque que les anciens joueurs ont plus tendance à miser au fur et à mesure, à augmenter leurs relances donc à faire monter une pression crescendo tandis que les joueurs récents sont beaucoup plus agressifs et imposent des all-in dès que la situation semble être favorable. Au lieu d'emporter un gros pot ils préféreront contraindre les autres avec un all-in et tenter de gagner quelques places dans un tournoi ou de faire se coucher les moins riches dans un cash game.
En conclusion
Restez toujours concentré et observateur quant aux joueurs qui vous entourent. Faîtes tout pour ne pas avoir à faire un "tapis du désespoir" et mesurez les risques d'un "tapis-bluff". Mais quoiqu'il arrive, sachez qu'aucun joueur n'arrive à gagner un tournoi sans se mettre en danger !