Et si les jeux de grattage de la FDJ trompaient les joueurs ?
Le 20/07/2010
Robert Riblet, ou l’homme qui fait trembler la Française des jeux. Plus de neuf ans de combat judiciaire pour celui qui conteste la validité des jeux de grattage.
9 ans de démêlés judicaire
Robert Riblet aura t-il enfin le dernier mot face au leader des jeux d’argent français ? Son PDG, Christophe Blanchard-Dignac, serait convoqué dans la semaine par le parquet de Nanterre pour s’expliquer face aux accusations d’escroquerie et de « tromperie sur la qualité substantielle d'un produit ». Débutée il y a neuf ans, cette audition pourrait enfin mettre un terme à la querelle qui oppose le petit joueur face à la grosse entreprise.
Les soupçons de Robert Riblet ont débuté en 2001. Alors ingénieur à la retraite, Robert est un habitué d’un café de l’Aisne où il avait l’habitude de rejoindre ses amis. Observateur, il est vite interloqué par un client venu acheter un carnet entier de jeux à gratter. Ce client avait l’air d’être assuré de gagner. Dès lors, Robert dépensera toute son énergie à prouver que la répartition des tickets gagnants dans les jeux à gratter n'est pas le seul fait du hasard. Durant des années, il achète des centaines de livrets pour un budget de 15 000 € afin d’avoir les preuves nécessaires pour dénoncer l’escroquerie. En 2004, l’ex-entrepreneur expose sa théorie à la Française des jeux qui commence par nier avant d’essayer de le faire taire avec un chèque de 450 000 €. Robert campe sur ses positions, refuse l’offre et porte plainte contre la FDJ un an après.
Début 2006, la FDJ contre-attaque en portant plainte contre Robert Riblet pour diffamation. Une affaire qui enfonce le clou de la culpabilité pour le géant des jeux d’argent. Si la FDJ reconnaît le système dénoncé par Robert Riblet, elle se réfugie sur la notion fallacieuse de « hasard prépondérant ». Deux ans plus tard, Monsieur Riblet est relaxé à la surprise générale. Une décision qui conforte le retraité dans son combat. « En voulant me couper la route, elle m'a ouvert un boulevard » publie alors Robert sur son blog. Le dernier coup de massue pour la FDJ est venu d’un de ses propres représentants. Il a fourni des preuves écrites de l’entreprise qui viennent corroborer la thèse de Riblet. L’audition du PDG de la FDJ pourrait permettre d’enfin mettre la vérité à jour et de clôturer le combat d’un homme contre le Goliath moderne.
Un système qui ne doit rien au hasard
Dans son livre « 100% des perdants ont tenté leur chance », écrit avec le journaliste Gille Delbos, Robert Riblet décrit le système des jeux à gratter avec précision.
« Chaque livret de tickets de jeu est programmé pour contenir un gain de 50 € réparti en petits lots et un seul lot significatif (à partir de 20 €). Le système a donné lieu à des dérives, certains buralistes et joueurs augmentant leurs chances de gagner en ne piochant plus dans les livrets ayant déjà fourni le précieux ticket », explique-il au Figaro fin 2008. Sur le fond, la Française de jeux a pris soin de modifier son règlement général et a fait ajouter, au dos des billets : « au moment de votre achat, certains lots ou certaines catégories de lots ont peut-être déjà été remportés. Ça s'est donc amélioré, mais j'ai pu observer que tout n'avait pas changé ».
Chaque minute en France pas moins de 3 800 jeux à gratter de la Française des jeux sont vendus dans les plus de 37 000 points de vente. A valeur de 1 à 10 € le ticket, le premier des gagnants reste avant tout l’entreprise organisatrice.