Les spécialistes de foot nous font-ils mal parier en ligne ?
Le 27/06/2010
Coupe du monde de foot oblige, les chroniqueurs de football sont présents dans tous les médias et donnent leur avis sur tout. Mais si les joueurs du ballon rond se « people-ise », on assiste également à une métamorphose des chroniqueurs, qu’ils soient journalistes ou anciens sportifs. Un changement qui semble incompatible avec un grand nombre d’accords qui les lient à différents bookmakers.
Le Café du Commerce comme parole d’évangile
Télérama n’y va de main morte et épingle les chroniqueurs de football et leur nouvelle façon de parler de foot, sans vraiment en parler. Il faut dire que cette équipe de France a déchaîné les passions entre coups de gueules contre Raymond Domenech et désespoir face aux comportements des joueurs.
Mais ceux qui dispensent la sainte parole du ballon rond et qui sont suivis par tous les français fans de foot semblent s’éloigner du sujet pour tomber dans les travers de l’audience et du bon mot. Tout est bon pour faire parler de soi à coup de phrases assassines qui malheureusement n’ont pas très grand intérêt footballistique et visent toujours les mêmes personnes.
Depuis quelques mois, les points de vue divergents du répétitif « l’équipe de France est nulle et le sélectionneur est pire que tout » ne semble pas être les biens venus dans le monde des chroniqueurs de foot. Comme le souligne Jérôme Latta, rédacteur en chef des Cahiers du football « il n'y a pas de réel contrepoint. Notamment sur les questions d'arbitrage ou sur le destin de l'équipe de France ». Ainsi, les auditeurs, lecteurs, téléspectateurs ou internautes subissent une pensée unique, présentes sur tous les supports d’information, car rien n’est laissé au hasard par ces chroniqueurs qui tiennent blogs, chroniques dans la presse, à la radio et à la télévision. Jérôme Latta va même plus loin en déclarant, « On dirait de vieux acteurs blasés qui rejouent le même numéro ». Selon lui, les conseils livrés par ces professionnels du foot restent « au format de café du Commerce sous l'égide de l'inculture tactique et du goût du fiel ».
« Être rémunéré pour faire perdre de l’argent à ses lecteurs »
Une communication footballistique que l’on retrouve donc partout. Pierre Ménès par exemple, ancien grand reporter de L’Equipe, est à l’œuvre sur Canal+ mais aussi sur Yahoo!, sur Footineo, sur Pronostics.fr, au cinéma mais plus inquiétant pour les parieurs, sur Unibet. Car si internet offre un support de plus pour s’exprimer, l’ouverture des paris sportifs sur le net à ouvert de nouvelles portes à nos chroniqueurs sportifs.
Mais comment conseiller les parieurs quand on n’accorde davantage d’importance à l’audience que vont créer nos petites phrases plutôt qu’à leur pertinence ? Depuis l’ouverture du marché, ils sont nombreux ceux qui mélangent conseils de paris et pronostics avec chroniques sportives, au risque de ne pas épargner les parieurs. Pierre Ménès, par exemple, s’est autoproclamé « Pronoman » sur Unibet, cependant Les Cahiers du Football ont mené leur enquête et il semblerait qu’à grand renfort de bonnes phrases et de bonnes campagnes de communication, on occulte le fait qu’il est loin d’être le roi des pronostics. Gare à ceux qui sont tombés dans le piège ! Le site internet révèle en effet que « sur 108 matchs de la moitié de saison, nous avons trouvé 46 bons pronostics. [...] Il suffirait de parier à 100% sur l'équipe à domicile pour dépasser l'expert ». Les Cahiers du Football vont même plus loin en octroyant au journaliste le « meilleur job du monde : être rémunéré pour faire perdre de l’argent à ses lecteurs ».
Aux journalistes comme Eugène Saccomano (RTL) ou Erik Bielderman (L’Equipe mag) qui déclarent d’une même voix, « Au fond, ce n’est pas si grave, ce n’est que du foot », certains répondent que ce n’est plus que du foot depuis que les paris sont autorisés surtout quand on mélange les genres. Ces chroniqueurs comme Bixente Lizarazu, Aimé Jacquet ou encore Pierre Ménès, ne doivent pas oublier que leur contrat avec les opérateurs de jeux sont gage de crédibilité pour tous parieurs français et qu’on ne peut pas nous faire perdre de l’argent par simple plaisir de dire des imbécilités.