La loi sur les jeux est un "cadeau aux amis du Fouquet’s" pour le PS
Le 31/03/2010 | 1 commentaire
Le PS s'oppose au projet de loi dont la relecture a eu lieu hier et présente près de 200 amendements pour retarder sa sortie définitive.
La gauche grogne
Selon Gaëtan Gorce, député PS, la « loi n'est pas propre » et avec des « intérêts purement financiers ». C'est ce qu'il a annoncé hier lors de la deuxième lecture du projet de loi concernant les jeux de hasard en ligne, à l'Assemblée nationale. Les groupes PS et communistes ont présenté 200 amendements de la loi, la plupart concernent la rédaction de celle-ci, 15 touchent la publicité, mais le reste contribue directement à sa remise en question. La gauche voudrait interdire la publicité des opérateurs de jeux en ligne dans les publications gratuites qui trop souvent sont lues par les mineurs, dans les émissions sportives télévisées, et via les émissions privées en télévision et en radio. Elle souhaite que seule la FDJ et le PMU puissent bénéficier de promotion.
Les amendements voudraient aussi sanctionner le fait que la régie de la publicité de France Télévisions repose dans les mains « d'une personne également partie prenante dans l’organisation de jeux en ligne, qui a construit sa carrière sur l’activité de production audiovisuelle et qui préside trois sociétés de jeux, par l’intermédiaire de sa holding Mangas Gaming, dont Betclic : Stéphane Courbit ». Les fortes relations instaurées entre les groupes de télécommunication, les opérateurs de jeux en ligne et les médias dérangent beaucoup les opposants à cette loi.
D'autres amendements visent directement le poker, certains députés pensent que seuls les casinos et cercles de jeux légaux ont vocation à organiser des tournois en dur engageant des buy-in (droits d’entrée).
Les « amis du Fouquet’s »
Les opposants ont aussi présenté des amendements contre la date de sortie de la et proposent des dates plus raisonnables telles que juillet ou septembre. Impensable pour la majorité présidentielle. Le PS a déclaré qu'il y a trop de pression de la part des opérateurs de jeux.
Jean-Marc Ayrault avait annoncé que « c'est la seconde nuit du Fouquet's » en faisant allusion au jour de l'élection de Nicolas Sarkozy où il s'était entouré de ses proches, notamment de grands patrons, dans le célèbre restaurant parisien. Le parti socialiste dénonce aujourd'hui la pression de ces grandes fortunes derrière cette loi. Les « amis du Fouquet's » de Sarkozy, c’est par exemple l'animateur Arthur avec Endemol qui investit dans les paris sportifs, Bernard Arnault le propriétaire du groupe LVMH, ou encore Stéphane Courbit. « Ce n'est rien d'autre qu'un engagement non-écrit du président de la République à l'égard de ses amis les plus proches » avait ajouté M. Ayrault.
La droite persiste mais non sans incident
François Baroin a déclaré que la loi mettrait fin au « développement sauvage et anarchique des jeux d'argent et de hasard sur internet » et que « cette solution va nous permettre d'assécher progressivement le marché noir (…) créant une offre légale qui obéit aux règles (…) et d'associer à cela (…) des outils de lutte contre les sites illégaux, de lutte contre l'addiction et de protection des mineurs ».
Pourtant, les députés UMP n’étaient que très peu à répondre présent hier après-midi alors que la gauche était assise sur les bancs de l’hémicycle. Les deux camps ont demandé des suspensions de séance, ce qui a créé une ambiance électrique au sein du Parlement. En ne tenant pas compte des retards possibles, le Parlement va adopter le projet de loi le 6 avril.