Jeux d’argent en ligne : et si l’Europe montrait l’exemple ?
Le 02/08/2010
La France a souvent était critiquée pour son manque d'ouverture en matière de jeux d'argent. Notre régulation, qui suit l'italienne, serait-elle finalement la bonne ?
« L’Europe montre la voie au monde »
Ce ne sont pas les Américains, et encore moins le New York Times, qui font habituellement l’éloge de l’économie à la française. Surprenant, la semaine dernière le quotidien a publié une longue enquête vantant les mérites de la régulation européenne et celle des Français en particulier, avec quelques réserves tout de même. On peut ainsi y lire que « l’Europe montre en effet l’exemple ». Interrogé dans ces colonnes, un analyste de H2 Gambling Capital, cabinet d’expert spécialiste des jeux d’argent, donne un avis plutôt acerbe sur le système français. « Ils dérégulent un peu, ils aiment ce qui se passe et ils dérégulent plus. Les gouvernements sont plus accros aux taxes que les joueurs aux jeux ».
Quant à Tim Phillips, directeur des affaires européennes chez Betfair, il plaide pour une harmonisation des législations européennes. Avant d’ajouter : « L'industrie des jeux d'argent en ligne est l'une des véritables réussites de l'Europe sur le Web. C'est un secteur dans lequel l'Europe montre la voie au monde ». L’Europe est devenue le premier marché des jeux en ligne en s’appropriant près de ¾ du chiffre d’affaire de l’industrie mondiale. Un résultat qui s’explique notamment par un recul des Etats-Unis suite à la prohibition des jeux d’argent en ligne Outre-Atlantique, et la régulation de nouveaux marchés en Europe. Lisez aussi notre tour d’Europe des législations en matière de jeux en ligne.
La première régulation chinoise sur les jeux en ligne ?
Petit à petit, certains pays moins regardant sur la régulation s’inspirent du système protecteur européen. Comme la Chine qui commence à protéger ses enfants. Depuis ce dimanche, une nouvelle réglementation sur les jeux en ligne, et spécifiquement ceux d’argent, est entrée en vigueur et vise à protéger les mineurs contre les contenus nuisibles et la cyberdépendance. Promulguée par le ministère de la Culture, la loi du 22 juin notifie que les jeux en ligne destinés aux mineurs ne doivent avoir « aucun contenu qui conduit à l'imitation de comportements à l'encontre des morales sociales ou de la loi ».
De même, pour lutter contre la cyberdépendance, elle oblige les éditeurs de jeux en ligne à limiter le temps de jeu des mineurs. Mais cette nouvelle loi ne précise pas les moyens de limitation, ni le temps de jeu acceptable. Enfin, elle oblige également les joueurs à s’enregistrer sous leur vrai véritable identité afin d’accéder aux jeux.
Un véritable bouleversement dans un marché aussi florissant que celui du géant chinois. A l’heure actuelle, 420 millions de chinois sont connectés au web. L'année dernière, la valeur de marché de l'industrie des jeux en ligne a augmenté d'environ 40% à 25,8 milliards de yuans, soit 3,8 milliards de dollars.
Une future ARJEL à l’américaine ?
Les Etats-Unis créent la surprise. Le pays le plus réticent aux limitations en générale vient de voter son 1er projet de loi sur les jeux d’argent en ligne. Décidément, la législation américaine est pleine de surprises. Si le poker en ligne est toujours interdit sur le territoire américain, le projet de loi HR2267 sur la régularisation des jeux en ligne et de la protection des joueurs, vient d'être voté par la chambre des finances par 41 voix contre 22.
Cette nouvelle loi a surtout l’ambition de préparer la légalisation sous conditions du poker et des jeux en ligne en général ainsi que la création de licences pour les futurs opérateurs, sur le modèle de l’ARJEL. Un des amendements votés sanctionne les principaux sites de poker. Il précise que les opérateurs de jeux ayant continué à accepter des joueurs américains pendant la « prohibition du jeu sur internet » n’auront aucune chance d’obtenir une licence.
Un pas de plus pour la future légalisation du poker sur le web américain, en attendant le vote du Sénat et de la Chambre des Représentants et éventuellement celui du gouvernement.