Comment parier en ligne sur le turf de manière responsable ?
Le 19/12/2010
|
1 commentaire
On le sait depuis longtemps, les jeux d'argent peuvent provoquer une certaine forme d'addiction et de dépendance. Les paris hippiques n'échappent pas à cette règle, il fallait s'en douter.
En juin 2010, en ouvrant le marché des jeux d'argent en ligne à la concurrence, l'Etat savait que cette libéralisation conduirait à des excès et à la dépendance de certains joueurs, mais des mesures de prévention sont à présent respectées.
Le jeu responsable, pour que cela reste un plaisir
Pour beaucoup de parieurs, les paris hippiques restent une activité de détente et une source de plaisir. Le fait de parier n'influe en rien sur le comportement de la personne. Malheureusement, un petit nombre de personnes peuvent devenir dépendantes, le turf devient peu à peu une drogue, mettant en danger la santé financière, mentale et parfois physique de la personne.
Pour les paris sportifs et hippiques, le risque est souvent à la base de l'addiction. En effet, c'est le risque de perdre qui provoque une certaine excitation et de l’adrénaline, qui peuvent mener à la dépendance. Pour éviter ce phénomène, il faut jouer en ligne de façon responsable, pour éviter que le jeu ne devienne un fardeau dans votre vie. Lorsque la pratique devient irrationnelle et non contrôlée, il faut s'inquiéter et se poser les bonnes questions.
Avant d'en arriver là, il a quelques conseils que nous pouvons vous donner :
- pour jouer, il faut une bonne santé mentale, c'est à dire être détendu, concentré, de bonne humeur.
- le jeu est un divertissement, il faut garder ça en tête.
- ne jouer que ce que l'on estime raisonnable de perdre.
- se faire limiter auprès des meilleurs sites de turf pour éviter tout pari compulsif.
- garder un historique des sommes gagnées et perdues.
Le turf est-il un problème pour vous ?
Bien sûr, inutile de se prendre pour un médecin, si le problème au jeu est avéré, il est nécessaire de consulter un spécialiste. En attendant, il existe des grilles qui permettent une première auto-évaluation. Il est indispensable pour le turfiste d'être honnête avec lui même pour pouvoir juger de son niveau de dépendance.
Questions à se poser :
- vous absentez-vous régulièrement de votre travail pour jouer ?
- jouez-vous pour vous échapper du quotidien ?
- avez-vous déjà menti sur les sommes que vous pariez ?
- jouez-vous immédiatement après un pari perdu, pour vous « refaire » ?
- le jeu amène t-il un sentiment de dépression chez vous ?
- l'idée de jouer vous obsède-t-elle ?
- le jeu influe-t-il négativement sur votre comportement ?
Il existe des solutions
Pour que les paris hippiques restent un plaisir, il existe des moyens pour se protéger. Les sites agréés par l'ARJEL peuvent vous aider à jouer de façon responsable. Si cela ne suffit, il existe des institutions spécialisées.
Les sites de turf mettent des outils à votre disposition :
- une limite de dépôt.
- un historique des transactions.
- l'auto-exclusion pour 7 jours, 6 mois, un an etc.
- clôturer son compte.
Cette aide basée sur le volontariat peut s'avérer insuffisante dans certaine situation, c'est pourquoi il existe des centres spécialisés pour le traitement de comportement addictif, comme Adictel. Leurs coordonnés sont facilement accessibles sur internet.
Vous avez trouvé cet article intéressant, partagez le !
Vos réactions (1)
Martignoni,
le 21/12/2010
JEU COMPULSIF = UN NOUVEAU BUSINESS
Les spécialistes de l’addiction inquiètent les sociologues.
Sociologue spécialisé dans le gambling depuis quelques années, je conteste la doxa du jeu pathologie maladie, fortement en conflit d’intérêts dans cette affaire. Les études sur le jeu excessif ( souvent contradictoires) ont longtemps prétendu qu’il y avait entre 1 et 3% de joueurs addicts. Le canadien Robert Ladouceur, financé par l’industrie des jeux depuis 20 ans, a vulgarisé cette très large fourchette, qui permet de faire peur et de rassurer. Bien joué. Mais on était déjà dans le lobbying, l’instrumentalisation et non dans la rigueur scientifique. Il a désormais soudainement réduit sa fourchette ( de 0,8 à 1,8% mais on passe quand même du simple au double) pour rassurer les opérateurs occidentaux, sauf en Asie ou il a sans doute repéré un nouveau marché, pour exploiter le business du jeu compulsif.
Par ailleurs je conteste la vision d’un joueur forcément désocialisé, seul devant sa machine à sous ou désormais seul devant son ordinateur pour flamber en ligne. Dans les casinos socialités et sociabilités sont nombreuses. On peut facilement engager la conversation, faire des rencontres. Idem pour les jeux d’argent sur Internet ou de nombreux blogs existent autour du poker. Nos dernières recherches soulignent une synergie jeux virtuels, jeux en dur. On joue sur la toile et ensuite on va dans les casinos. Pour les purs players internet , il faut faire des études microsociologiques, avant de raconter n’importe quoi sur les jeux en ligne.
Plus globalement dans notre société du care, on tente en réalité de médicaliser des pratiques sociales et culturelles pour se donner bonne conscience et désormais pour faire de l’argent ( ici le business du jeu compulsif). C’est scandaleux et bien entendu ce sera totalement inefficace. Après la drogue, l’alcool, le tabac, la doxa du jeu pathologie maladie a trouvé ici un excellent relais de croissance. Son intérêt c’est bien entendu que le gambling se développe et non l’inverse. Ca les opérateurs l’ont bien compris et ils sont prêts à lâcher quelques millions à condition que la doxa ne fasse pas trop de bruit et dans le meilleur des cas collabore à la conception de nouveaux jeux et sortent des bons chiffres en matière d’addiction. « Soyez raisonnable… mais pas trop » comme les tirages de la Française des jeux à la télévision.
Sur le fond – scientifique - du dossier : il y a danger à aborder ces jeux à travers la problématique de l’addiction, car une fois acceptée comme entité morbide individualisé, les jeux de hasard sont analysés comme des formes plus ou moins aigues de jeu pathologique.C’est une évidence, toute pratique excessive peut être dangereuse, dans le jeu comme ailleurs. Tout le monde le sait, les joueurs aussi et ils le savent peut être mieux que les membres de la doxa dont la plupart n’ont jamais joué ( un autre univers pour eux). Mais rien ne prouve que le jeu lui-même soit « la cause originelle » de cette excessivité, et rien n’indique en outre que l’excessivité soit forcément synonyme de pathologie. Il faut analyser la biographie du joueur et son histoire sociale, économique, familiale, conjugale… avant de le traiter un peu facilement de drogué du jeu. Les dernière recherches neurobiologique en matière de dépendance et de drogue – qui étudient l’hypothèse génétique (une hypothèse déjà très osée pour un sociologue) - sont très prudentes. Elles précisent « il y a probablement – c’est même pas sur - une sensibilité génétique mais elle se combine avec l’environnement, notamment avec l’histoire de l’individu, pour entrainer une vulnérabilité biologique » précise Serge Ahmed .
Sur la prévention il y a en déjà pas mal dans les casinos et sur la toile et dans les publicités sur les jeux en ligne. Mais on sait aussi que trop d’information ( répétitive, normalisée..) tue l’information. Expertisons tout cela de manière indépendante. En outre est-ce vraiment aux opérateurs de définir les normes en matière de jeu responsable comme tente de le faire actuellement la Française des jeux en commandant une étude de normalisation à l’AFNOR ? On est dans l’autorégulation qui défend des intérêts particuliers et non dans la régulation qui défend l’intérêt général. On comprend pourquoi le Comité consultatif des jeux n’a toujours pas été installé
Sur l’impact des jeux en ligne sur les Français la également on peut se demander si c’est le rôle des opérateurs de financer ces études, comme le fait actuellement la Française des jeux en finançant une recherche au CHU de Nantes à hauteur de plusieurs millions d’euros, une étude à Bichat ( ou comme par hasard on retrouve Robert Ladouceur). Le conflit d'intérêts est scandaleux. Jusqu’à quand cette comédie ( qui a semble t il l’aval des pouvoirs publics) va t elle durer ? On comprend pourquoi un observatoire des jeux de hasard indépendant des opérateurs n’a toujours pas été installé.
Il faut bien entendu étudier et mesurer toutes les conséquences ( positives et négatives) des jeux en ligne, mais ce n’est pas aucune aux opérateurs de le faire, et encore moins à la doxa du jeu pathologie maladie qui est financée par les opérateurs et qui ne manque pas d’air dans cette affaire. Qu’ils se contentent de soigner les joueurs, ce ne sera déjà pas si mal ! Et en espérant qu’ils obtiennent de meilleurs résultats qu’en matière de drogue. « Car jusqu’à présent c’est chez les toxicomanes qu’on a étudié les effets de la drogue, et pour l’instant cela n’a pas permis de déboucher sur des traitements efficaces »
C’est sans doute pour cette raison que depuis plusieurs mois ( et ce n’est pas leur première tentative) une partie des addictologues et des spécialistes en toxicomanie ( mais également des sociologues) mènent une campagne éhontée reliée par une presse complaisante ( le Monde et Libération en tête) qui frise la propagande, en faveur des « salles de shoot », qui souligne un renoncement total et une idéologie du politiquement correct poussée à l’extrême, outre un mépris du peuple, jamais consulté, censé financé ces « thérapies » hasardeuses, écœurantes . Par contre remarquons qu’à l’endroit des jeux d’argent la doxa du jeu pathologie maladie n’a jamais proposé de fournir un petit pécule quotidien aux drogués du jeu pour qu’ils aillent se shooter dans les casinos ou sur internet. Peur de l’enfer du jeu ou ethnocentrisme culturel ? Des sociologues s’interrogent. Idem pour l’addiction aux jeux vidéo ou la doxa du jeu pathologie maladie semble beaucoup plus soft et moins alarmiste , plus prudente qu’en matière de jeux d’argent, et beaucoup moins acerbe pour critiquer cette puissante industrie des jeux vidéo qui pèse plus lourd que le gambling. En agissant ainsi de manière différenciée, la doxa ( une partie majoritaire d’entre elle bien entendu) dévoile en réalité peut être plus de sa proximité culturelle avec certains produits ( drogues qu’elle a parfois directement testé dans les années 70 !!, jeux vidéos), de son ethnocentrisme avec d’autres produits ( jeux d’argent), que de sa volonté d’œuvrer réellement pour une politique de santé publique.
JP Martignoni.
Sociologue
Université Lyon II
Décembre 2010
|
|