L’offre de jeux d’argent en ligne doit devenir plus attractive
Le 10/06/2011
Un exode des joueurs français vers des sites de jeux en ligne étrangers. Voilà l’effet redouté de la loi relative à l'ouverture à la concurrence et à la régulation du secteur des jeux d'argent et de hasard en ligne, entrée en vigueur le 12 mai 2010.
Les opérateurs dressent le bilan
Les critiques des opérateurs du marché français sont unanimes pour dire que le marché des jeux en ligne n’est pas viable en l’état. Le 7 juin dernier, l'Association française des Jeux en ligne (AFJEL) a présenté un Livre Blanc avec le bilan de l’année et un ensemble de propositions.
Face à la situation critique qui agite le secteur depuis mai 2010, les opérateurs appellent à de nouvelles mesures pour faire évoluer la réglementation des jeux en ligne. « Les pertes de revenus pour les nouveaux entrants s’estiment à plusieurs dizaines de millions d'euros. Les investissements sont fortement réduits et si l’Etat n’agit pas rapidement, on va revenir à la case départ » déclare Nicolas Béraud, PDG de Betclic Everest Group et président de l’AFJEL.
L’inquiétude des opérateurs
Le bilan annoncé est amer : « Au cours des premiers mois de l'année 2011, l’activité des paris sportifs en ligne ont reculé de 26 % et en 2010, tous les opérateurs ont été déficitaires. Le taux de retour aux joueurs est plafonné à 85 % et peut atteindre 95 % à l'étranger. Le cadre réglementaire est inadapté et l’offre des sites étrangers devient plus attractive ». Au 1er trimestre 2011, les résultats des paris hippiques et du poker ont été stables. Nicolas Béraud se montre pessimiste pour le 2ème trimestre mais annonce la possibilité d’un recul pour le poker.
Selon les opérateurs, la fiscalité française pénaliserait également l'offre, jugée trop limitée. En conséquence, les adeptes de sites comparatifs de côtes délaissent les sites français pour les sites étrangers. « Nos 100 plus gros joueurs ont fuient et aujourd’hui, les sites français sont des sergents recruteurs » explique Emmanuel de Rohan Chabot, directeur général de ZEturf.
Les mesures envisagées dans le Livre Blanc
Au terme d’un an d’activité, plusieurs opérateurs de jeux en ligne estiment donc que la réglementation actuelle est inadaptée et qu’elle induit un déplafonnement du taux de retour aux joueurs.
Dans le Livre Blanc, l’ARJEL demande plus de diversité dans l'offre pour que les opérateurs puissent choisir eux-mêmes les courses hippiques sur lesquelles ils pourront ouvrir des paris. Une telle décision passerait par la suppression de l'actuelle liste de paris limitative et l’autorisation de proposer des versions de poker autres que Texas Hold'em et Omaha Pot Limit.
Pour l'heure, les opérateurs vont devoir faire preuve de patience en attendant que François Baroin (photo) se penche sur le cas. Le ministre du Budget s'est dit ouvert à l’idée de réviser la loi du 12 mai 2010 pour lutter contre l'offre illégale. « Les dispositions prévues par la loi vont être complétées ou modifiées si elles sont insuffisantes pour mettre en place une offre attractive et une concurrence loyale » a-t-il déclaré. En septembre prochain, il rendra son rapport au gouvernement en vue de la clause de revoyure de la loi.
Photo : RTL.