Woerth soupçonné d’avoir favorisé la Société française des casinos
Le 14/09/2010
Le 10 septembre 2010, le journal « Libération » lance une rumeur au sujet d’un allègement fiscal qu’aurait favorisé Eric Woerth en 2009. A cette époque, il était ministre du budget. Mais ici, il ne s’agit pas de l’Oréal et de Liliane Bettencourt mais de la Société française des casinos et de son patron Pascal Pessiot. Que se serait-il passé ? Rappels des faits.
Les casinos en difficulté depuis 3 ans
Ces présumés arrangements financiers font jour dans un contexte économique défavorable pour les casinos, en particulier depuis qu’il est interdit de fumer dans les espaces publics. Depuis 2007, ces établissements de jeux rencontrent des difficultés en termes de chiffre d’affaires, également à cause d’internet. Selon l’AFP, ils auraient perdu, depuis cette date, 20% de celui-ci. Et d’après le patron du groupe Gujan-Mestras, près du quart des enseignes pourraient disparaitre. Pourtant dans les casinos de ce groupe, situés en Gironde, la fréquentation semble en hausse, simplement les joueurs deviennent plus occasionnels, moins réguliers. Cela est peut-être le signe, aussi, d’une prévention efficace concernant l’addiction au jeu.
Une nouvelle affaire Woerth ?
« Libé » tiendrait ses rumeurs de favoritisme d’un courrier envoyé le 30 janvier 2009 par Eric Woerth à Jean François Mancel, député de l’Oise. Le contenu de cette lettre évoque une faveur susceptible d’être accordée par le ministre du budget de l’époque à une entreprise de casinos, qui était alors en redressement fiscal. Cette entreprise appartient à Pascal Pessiot, il s’agit de la Société française des casinos. Le ministre préconise dans cette lettre un dégrèvement allant dans le sens d’une réduction d’impôt. Mais, actuellement ministre du travail, Eric Woerth nie ces allégations.
Ces faits divers questionnent indirectement la réforme concernant la libéralisation du marché des jeux en ligne. La concurrence demeure-t-elle vraiment « pure et parfaite » ?
Dès l’annonce de cette réforme, appliquée depuis juin 2010, les groupes de casinos se sont pressés dans diverses stratégies. Par exemple, la Française des jeux (détenu à 72% par l’Etat français) et le groupe de casinos Barrière se sont rapprochés, le second devenant l’opérateur de poker en ligne du premier. Ce rapprochement n’a pas été contesté par la ministre Christine Lagarde, qui devrait être la principale concernée d’après certains.
D’autres groupes comme celui de Pascal Pessiot parient davantage sur une réelle libéralisation des jeux d’argent sur internet pour reconquérir ou relancer le « business ». C’est également le cas du groupe Partouche. Il avait d’ailleurs saisi le conseil de la concurrence, lors de la mise en place du partenariat entre le groupe concurrent Barrière et la Française des jeux.
En résumé, certains casinos contestent l’intérêt de cette réforme : ce sont généralement les petits établissements mais aussi ceux qui détiennent déjà un relatif monopole. D’autres sont plus optimistes face à ce changement des règles du jeu. Il s’agit alors de grands groupes, comme celui de Partouche ou celui de Gujan-Mestras qui avaient ouvert la concurrence avant l’heure et de loin, depuis les Bahamas par exemple pour l’un d’eux.
Si, en hypothèse, Christine Lagarde avait favorisé le camp du monopole formé par Barrière et la Française des jeux, alors peut-être que l’intervention d’Eric Woerth rétablit un équilibre envers les groupes plus libéraux.
Au début de l’été, d’autres sources parlaient d’un conflit d’intérêt entre Eric Woerth et PMU. Finalement, la libéralisation de ce marché est-elle si claire que cela ?