La FDJ et le PMU grands gagnants de l’autorisation des jeux en ligne ?
Le 28/04/2010
La loi sur la libéralisation des jeux d’argent et paris en ligne censée ouvrir le marché à la concurrence semble en réalité renforcer les anciens monopoles. Une situation dénoncée par beaucoup d’opérateurs de jeux.
Ils ont la confiance naturelle des internautes
La Française des Jeux et le PMU disposent sur le papier d’avantages certains. Le plus évidents est bien sûr la notoriété. Les campagnes publicitaires de grandes envergures ne sont d’une nécessité flagrante. Ces deux grands noms sont entrés dans le langage courant et l’inconscient collectif. Ils possèdent un fort « capital confiance » auprès des Français qui connaissent la qualité de leurs services, ce qui est évidemment moins le cas pour les nouveaux entrants qui devront faire leurs preuves auprès de ceux qui n’avaient pas l’habitude, par exemple, de parier quelques euros sur des matchs de foot grâce à Betclic.
Après 80 ans d’existence pour le PMU et près de 35 ans pour la Française des Jeux, ces deux monopoles se sont constitués un réseau physique très important qui leur garantie de conserver leur popularité. En effet, l’ouverture à la concurrence ne se faisant que sur la toile, les opérateurs publics conserveront leur position monopolistique sur le marché en dur. Tout le monde pourra continuer de faire son loto au tabac du bout de la rue ou de parier sur la dernière course de chevaux autour d’un verre.
L’ARJEL octroie également une longueur d’avance à ces acteurs historiques en ayant pris la décision qu’ils seraient parmi les premiers à obtenir les licences d’exploitations nécessaires à l’ouverture de plateformes de jeux en ligne. Rien d’étonnant donc à voir les deux monopoles se réjouir de cette nouvelle loi qui, au final, ne concerne qu’une petite partie de leur chiffre d’affaire et n’entache en rien leur position monopolistique dans l’esprit des Français. Surtout qu’étant donné le régime fiscal imposé par le gouvernement français suite à cette autorisation, beaucoup d’opérateurs étrangers hésitent encore à investir dans le marché hexagonal, là où le PMU et la FDJ ont non seulement les moyens de le faire mais ne prennent pas de risques considérables.
La grogne chez les opérateurs en ligne
Une fois les derniers obstacles juridiques levés, une trentaine d’opérateurs sont tout de même attendus pour déposer leurs dossiers dans le but d’obtenir une licence. Mais ce n’est pas sans hausser le ton face à cette concurrence qu’ils jugent déloyale. En effet, il estime ne pas faire le poids en terme de dépenses marketing mais aussi face aux contraintes techniques. Ils seront par exemple obligés de faire fermer les comptes existants, contraignant ainsi les joueurs à en rouvrir un nouveau. Dans ce contexte, les opérateurs crient donc de plus en plus à l’inégalité. Isabelle Parize, vice présidente de Mangas Gaming, a d’ailleurs déclaré récemment que « C’est une ouverture faite pour protéger le PMU et la FDJ ! ». C’est le cas également de Nicolas Béraud, PDG de Betclic ou encore d’Emmanuel de Rohan Chabot, PDG de ZeTurf, qui prévoient de fortes pertes les premières années. Plus étonnant encore, aux balbutiements de la loi, Patrick Partouche avait déjà tapé du poing sur la table : « J'en ai assez que tout le monde veuille manger dans ma gamelle […]. Je ne veux pas d'une mascarade qui vise à protéger la Française des Jeux (FDJ) et le PMU. »
Les opérateurs comptent maintenant sur la révision de la loi prévue 18 mois après son entrée en vigueur pour voir un assouplissement. D’ici-là, ils espèrent qu’une hiérarchie se sera établie, ne laissant plus la place qu’à 5 ou 6 opérateurs principaux.