L'agitation autour de Stéphane Courbit, légitime ?
Le 16/02/2010
Mais que reproche-t-on à cet homme d’affaires, que l’on connaît pour son influence dans le monde des jeux ? Retour sur une polémique qui remet en question la neutralité même du service public.
Les jeux d’argent et la télévision
Depuis quelques semaines déjà, ce que l'on peut bien appeler « l'affaire Courbit » fait grand bruit. On reproche au businessman de porter deux casquettes, à savoir producteur de télé et publicitaire.
Stéphane Courbit se trouve attaqué par certains à quelques mois d’une libéralisation française des jeux d’argent qui agite médias et classe politique. Simple coïncidence ? Certains en profitent pour ajouter que l’ouverture des jeux à la concurrence serait un « cadeau de Sarko » en sa faveur, lui qui se trouvait au Fouquet’s un certain soir de mai 2007… Rappelons que Stéphane Courbit détient Mangas Gaming (Betclic et Expekt entre autres) par l’intermédiaire de Lov Group, sa holding familiale, l’autre moitié étant détenue par la Société des Bains de Mer de Monaco.
« Les petits papiers » de Sarkozy
Depuis l'arrêt de la publicité sur France 2 en début de soirée, la régie publicitaire de la chaîne publique subit de lourds changements. Outre les recettes publicitaires déficitaires, Bercy et l'Élysée, sous les conseils du très médiatique Alain Minc, ont placé à sa tête le groupe Publicis ainsi que l'ancien patron d'Endemol France et proche du Président… Stéphane Courbit.
Les experts s'interrogent sur la présence du producteur d'émission dans les affaires publicitaires de France Télévisions. En effet, Stéphane Courbit contrôle, à travers sa maison de production, les programmes du présentateur Nagui. S'il venait à gérer aussi les espaces publicitaires de la chaîne, cela serait contraire à l'égalité des programmes diffusés. Ce mélange des genres serait impensable outre-Atlantique ou dans les pays anglo-saxons. Les tribunaux seraient saisis presque instantanément.
Havas contre Publicis, Acte 1
Le Groupe Havas, concurrent direct de Publicis, est prêt à saisir le Conseil d'État et de la concurrence afin de clarifier la situation. Publicis est à la fois vendeur et acheteur d'espaces publicitaires, ce qui est contraire à la moralité commerciale.
Les dirigeants de France Télévisions, de leur côté, tentent d'apaiser les esprits en indiquant que l'accord qui sera signé entre les deux parties sera encadré par un cahier des charges sévère. Maurice Lévy, actuel Président du directoire de Publicis, ne voit dans ses polémiques qu’« un fantasme » : « On pourrait comprendre les critiques si l'offre de Lov / Publicis n'était la meilleure sur chacun des points, et estimer alors que ce choix n'est que le résultat d'un jeu d'influence ». Monsieur Lévy déclare même que cet accord permettra de « pérenniser l'entreprise en proposant une augmentation de capital de 4 millions d'euros pour lui donner les moyens de se développer ».
Cette affaire questionne même les actions du patron de France Télévisions, Patrick de Carolis, qui a vendu la régie commerciale sans connaître sa valeur, ni les tenants et aboutissants d'une telle démarche. Une lettre ouverte destinée aux parlementaires a d'ailleurs été postée sur le site de Mediapart pour lutter contre le processus de privatisation de la régie publicitaire de France Télévisions.