Joueurs de poker français sur internet : aux armes citoyens !
Le 06/07/2010
Le mécontentement des joueurs de poker français en ligne s’amplifie. Après la grève réalisée dimanche, les déceptions se font de plus en plus sentir et l’agacement laisse petit à petit place à la colère.
Premier sit-in virtuel
Les joueurs de poker français disent non à l’augmentation du rake fixé par l’ARJEL ! Dimanche, dernier entre 18h et 21h, Skip, un amateur de poker en ligne, a rassemblé 400 joueurs sur PokerStars pour un véritable sit-in virtuel. Ces centaines de joueurs ont bloqué dans la soirée la quasi totalité des tables de cash game en s’affichant « sitting out ». Ils se sont tout simplement assis en masse à des tables de l’opérateur en refusant de jouer toutes parties.
Le site n’a pas été choisi par hasard. PokerStars est l’opérateur actuellement leader du marché mondial du poker en ligne, habituellement à l’écoute de ses usagers. En tentant une amorce de dialogue avec l’opérateur le plus ouvert du marché, les joueurs espèrent obtenir des changements majeurs dans le domaine du jeu en ligne afin que les concurrents réagissent également.
Suite au mouvement, un des dirigeants de PokerStars, paniqué par la situation, a dû appeler Skip pour qu’il fasse cesser le mouvement de grève. Le succès ou non de l’opération se confirmera dans les semaines à venir, suivant les réactions de PokerStars.
Les taxes insupportent les joueurs
Les sites de poker font leurs bénéfices en se réservant un pourcentage des pots joués en cash game. Le reste des mises circulent entre les joueurs pour finir dans les poches des plus gros gagnants. Sur les tournois, l’opérateur taxe une moyenne de 10% du droit d’entrée. Avec l’ouverture des sites en « .fr », les opérateurs ont du se poser la question de qui va payer la taxe requise par l’Etat. La réponse fût sans appel, les joueurs français devront désormais supporter une grande partie de cette taxation. Une décision qui déboussole non seulement ceux qui ont vu augmenter les droits d’entrées aux tournois mais aussi les habitués du Rakeback. Cette pratique permettait aux meilleurs joueurs de récupérer une partie des gains encaissés par les opérateurs. Dorénavant ces bonus se transforment en simple droit d’entrée pour les tournois, moins avantageux financièrement.
Déjà quelques heures à peine après la légalisation, joueurs et opérateurs avaient appelé au boycott des opérateurs agrées par l’ARJEL. Ils exigent une prise en charge plus importante de la taxe de l’Etat par les opérateurs agrées. Pour l’instant rien n’oblige les sites leaders à revoir cette répartition de la taxe tant que leur affluence augmente.
Des parties franco-françaises
Les joueurs grognent aussi, et surtout, contre la décision de l’ARJEL de réserver les sites en « .fr » aux seuls joueurs de l’hexagone. Selon l’Autorité de régulation, cette décision permet une meilleure prévention et contrôle des fraudes. Un argument réfuté par une majorité de joueurs. Les grands opérateurs surveillent déjà les éventuelles fraudes et que les joueurs s’inscrivent sur un site en .fr ne changera pas la donne. De plus, rien n’empêche l’Etat à obliger les opérateurs à baser leur siège social en France, ce qui permettrait de simplifier la taxation des jeux, tout en s’adressant à un public international.
Mais la véritable raison de cette réglementation pourrait se trouver dans la volonté de l’Etat de favoriser les nouveaux arrivants sur le marché français. En limitant les sites en « .fr » aux joueurs nationaux, cette mesure contraint les opérateurs déjà implantés à l’étranger à mettre leurs comptes à zéro et ainsi partir du même pied d’égalité que les nouveaux sites français comme la Française des jeux ou le PMU.
Cette restriction fait monter la grogne chez les joueurs, autant que chez les opérateurs, qui voit le niveau des tournois baisser. L’offre des sites s’appauvrit, l’attente entre chaque partie plus longue et les gains moindres. Les meilleurs joueurs français ne peuvent plus se confronter aux as internationaux et voient les enjeux du jeu s’appauvrir. La restriction est un véritable paradoxe sur un média comme internet où tout son intérêt repose justement sur l’ouverture au monde entier. C’est surtout mettre des bâtons dans les roues des opérateurs français en les privant de l’énorme marché international.
Seul lot de consolation pour les as de l’hexagone, la baisse du niveau de jeu leur permet de plumer facilement les petits joueurs.