L'interdiction des enchères inversées pour le recrutement
Le 23/03/2010 | 1 commentaire
En novembre 2005, le site de recrutement Jobdealer mettait à disposition des chercheurs d'emploi un système d'enchères inversées pour le salaire offert. Le buzz a rapidement pris et beaucoup se sont indignés.
On est très loin des cadeaux à gagner sur les sites du même genre puisqu'il s'agit d'un travail rémunéré qui est proposé à celui qui fera l'enchère la plus basse par rapport à ses concurrents.
Le job au demandeur d’emploi qui propose le salaire le plus bas
Le site Jobdealer correspondait un peu à Jobdumping.de, le site dont il a pris exemple, même si les responsables du site se défendaient de vouloir copier son concurrent allemand. « Nous sommes les premiers à nous inspirer du modèle allemand où l'on a vu apparaître des sites d'offres d'emploi aux enchères », affirmait Sandrine Lepit, la fondatrice de Jobdealer.
Lancé le 2 novembre 2005, le site a bel et bien mis le feu aux poudres. Sa particularité était celle de mettre en concurrence les candidats, celui demandant le salaire le plus bas était choisi pour prétendre au poste demandé. La fondatrice affirmait aussi qu’« il n'est pas indispensable de surenchérir. Ce n'est pas la personne qui aura effectué la proposition tarifaire la plus basse qui obtiendra le poste. Le recruteur choisit lui-même parmi les candidatures, car ce qui compte avant tout, ce sont les compétences ». Le site respectait théoriquement la loi du salaire minimal mais d’un point de vue éthique, cela posait un problème certain.
« Odieux socialement, stupide économiquement »
Ce projet avait attiré l'attention des syndicats. Le premier à le critiquer avait été la Confédération française de l'encadrement : « le système du travail réservé à celui qui accepte le salaire le plus faible s'installe en France ». « Non seulement c'est odieux socialement, mais c'est stupide économiquement ». Le scandale prenait alors une ampleur certaine et la classe politique s'en est mélée. Cela rappelle le site qui proposait en 2009, moyennant finance, de faire les devoirs des élèves à leur place. Suite à la condamnation unanime de la classe politique et sous la pression médiatique, le site avait dû fermer.
Suite à la mise en place du site, l'ancienne députée Mme Nathalie Kosciusko-Morizet déposa une proposition de loi pour interdire de tels systèmes pour les contrats de travail. Après sa demande, la Commission des Affaires culturelles, familiales et sociales de l'Assemblée nationale a adopté l'amendement de l'ex-députée de l’Essonne. Ce texte prévoit de rendre illégal le recours aux enchères inversées portant sur les salaires à l'embauche. L’article L.121-10 du code du travail mentionne désormais que « les procédures d'enchères électroniques inversées sont interdites en matière de fixation du salaire. Tout contrat de travail stipulant un salaire fixé à l'issue d'une procédure d'enchères électroniques est nul de plein droit ».