Qui est encore contre les jeux d'argent en ligne aujourd’hui ?
Le 09/03/2010
Avec le projet de loi visant à réguler, et donc à libéraliser, les jeux d'argent en ligne, nous avons assisté à multiples réactions anti-jeux. De qui proviennent-elles ?
Vous le savez, sur Kuzeo, nous faisons des analyses autour du « gambling » et sa promotion tout en laissant la parole à ceux qui s’y opposent, de manière plus ou moins virulente.
La fondation Terra Nova
Olivier Ferrand, de la fondation « progressiste » Terra Nova, s'oppose aux choix du gouvernement et critique ouvertement le projet de loi pour l'ouverture du marché des jeux d'argent en ligne. Pour lui, légaliser les jeux en ligne signifierait une plus grande offre donc une plus grande consommation qui enduirait les joueurs à une dépendance quasi certaine.
Comme l'Allemagne, il lui semblerait plus intelligent d'interdire complètement l'ouverture de ces sites en France pour une complète protection des joueurs d'argent en ligne. Ou bien créer une politique commune aux états membres de l'Union Européenne.
Le Parti Socialiste
En juillet 2009, nous pouvions lire sur le blog de Gaëtan Gorce, député PS, un article sur le projet de loi des jeux d'argent en ligne. Il s'y opposait en exposant les dangers que ceux-ci comportent, comme les divorces, le surendettement, la délinquance et les suicides liés à la dépendance. Il semble tout de même aberrant de faire des amalgames aussi réducteurs en niant toute possibilité d’un jeu responsable.
Le 24 février 2010, M. Gorce annonçait qu’il « faut suspendre les processus législatif » du projet de loi. D'ailleurs, il assure que « l'ouverture du marché aux jeux d'argent en ligne n'est ni obligatoire ni opportune » en ajoutant qu’il est « inutile de créer une législation pour les jeux d'argent en ligne vu que l'Europe entame une réflexion sur ses problématiques et nous risquerions d'avoir une loi en décalage ». Il est donc pour lui plus judicieux d'abandonner tout bonnement une régulation d’un marché qui existe depuis dix ans de façon illicite.
Plus tôt, en septembre 2009, deux députés PS, Michèle Delaunay et Valérie Pourneyron, s'étaient exprimés au sujet du projet de loi. Elles réclamaient le retrait de celui-ci au « nom de la santé sociale et publique ». Si le projet se réalisait, il « détruirait des vies à cause des grandes pertes [...] et créerait des dettes insurmontables ». Elles sont arrivées à comparer les jeux d'argent aux drogues chimiques comme l’opium ! Il leur est inconcevable de permettre la légalisation de la publicité des sites de jeux d'argent car elle multipliera le nombre de joueurs.
La Cour de Justice
Il y a quelques jours, précisément le 4 mars, un communiqué de presse a été publié sur le site de la Cour de Justice Européenne. L'avocat Maître Paolo Mengozzi s'est exprimé au sujet des licences nationales des jeux de hasard. Différents points sont traités tels que la grande dépendance que créent le jeu en ligne, la modération de la publicité pour les opérateurs, le fait que l'Union Européenne n'oblige pas les Etats à leur livrer des licences, et la capacité qu'ont ces mêmes opérateurs à créer des perturbations personnelles et familiales.
Les universitaires s’en mêlent ?
Denis Alland, professeur de droit et avocat à la Cour, est lui aussi contre cette libération. Il pense que « les plus faibles, les plus démunis, les plus surendettés et exposés au crédit revolving seront désormais pressés de se ruiner sur internet », avant de poursuivre en annonçant que « les dispositions relatives à la protection du joueur et l’encadrement attendu de l’ARJEL limiteront faiblement les risques ». Vous pouvez en savoir plus à propos du point de vue de M. Denis Alland en lisant l’interview qu’il nous a accordé il y a quelques semaines.
Au Québec
L'ACEF, association québécoise sans but lucratif qui s'occupe de la protection et de la défense des consommateurs, est en passe de lutter contre une mise en pied d'un site proposant des jeux d'argent. Selon l'association, ils créent une dépendance et des grandes répercussions sur la vie des joueurs. L'ACEF, qui offre par ailleurs des consultations aux personnes ayant des problèmes de surendettements, invite aujourd'hui la population québécoise à signer une pétition pour stopper le projet de Loto-Québec de créer un site légal et national.
Loi prête pour juin 2010
Malgré tous ces opposants, il y a eu écho que le Parlement votera en faveur de la loi au mois d'avril et donc sera mise en pratique au mois de juin pour la Coupe du Monde 2010 tant attendue. Cette loi luttera contre le blanchiment d'argent, la délinquance, les fraudes fiscales, etc… Notre équipe y est largement favorable bien qu’elle soit loin d’être parfaite.