«Pour gagner sa vie aux paris sportifs, il faut être armé pour prendre des coups»
Par Chris, parieur en ligne, le 04/01/2010 | 19 commentaires
Nous avons interviewé un bon parieur qui nous parle avec humour de son expérience. Selon l’AFP, c’est plus de 200 millions d’euros qui seront misés par les Français pendant la prochaine coupe du monde. Peut-on gagner sa vie en pariant ?
Kuzeo : « Bonjour. Quand as-tu commencé les paris sportifs ? Sur quoi paries-tu et te considères-tu comme un parieur professionnel ? »
"Chris" : Bonjour. J’ai commencé les paris sportifs fin 2006. J’ai été très mauvais pendant plusieurs mois, accumulant les défaites et surtout en voulant remiser tout de suite sans trop réfléchir. Je me souviens qu’en mars 2007, j’ai accumulé 19 mauvais paris d’affilé ! J’ai été un très bon client pour les bookmakers :-)… Puis j’ai commencé à changer ma manière de jeu.
Je n’aime pas trop le terme de « parieur professionnel », cela ne veut rien dire. La logique n’étant pas un critère déterminant pour gagner de l’argent aux paris sportifs, je ne suis pas un professionnel. Qui peut prétendre l’être ? Si ce que vous entendez par là, c’est de savoir s’ils constituent une bonne source de revenu, oui c’est le cas. Mais je suis avant tout un passionné de sport et j’ai une autre activité à mi-temps dans le monde du sport.
Le foot et le tennis sont les seuls sports sur lesquels je parie, principalement sur Betclic, sur lequel j’ai mes habitudes. Je pense qu’il est préférable de se concentrer sur peu de championnats et de tournois, il y a tellement de compétions et de facteurs à prendre en compte qu’il faudrait que j’embauche quelqu’un pour me faire des fiches avant chaque évènement ! Plus sérieusement, j’essaye de me cantonner à une certaine logique et à ces 2 sports pour optimiser mes gains, pouvoir suivre les statistiques des équipes et des joueurs plus facilement et avoir plus de légitimité lorsque je place un pari.
« A quoi ressemble une de vos journées types aujourd’hui ? De quoi avez-vous besoin ? »
Mes investissements se limitent à un abonnement à l’Equipe, un ordinateur et des capsules de café Nespresso :-) ! Après un bon bol de café, je fais le tour du web sur des blogs qui traitent des résultats de façon décalée et des forums, surtout sur le foot. Je lis l’Equipe car je trouve les articles mieux construits sur le format papier que sur le net et cela me fait une bonne base pour le matin. Quelques rares émissions de sport à la télévision aussi (pas Téléfoot, mais les vraies analyses) et puis j'aime bien écouter les polémiques sur RMC Info, que ce soit Luis Fernandez ou l'After Foot… Je crois qu’il est important de ne pas seulement regarder les résultats à venir, mais aussi les scores passés et si j’ai parié dessus et perdu, cela m’aide à voir mes erreurs.
Ce qui est frustrant, c’est qu’il n’y a pas de règles, on peut optimiser ses chances au maximum, pas garantir un succès. L’adrénaline est forte, c’est ce que j’aime et je traite mes « bets » avec sérieux et humilité. Du moins, j’essaye d’être calme et de réfléchir avant d’investir mon argent. Il m’arrive de ne pas parier certaines journées. Ce n’est pas une science exacte, rien ne sert de « jouer pour jouer ». Par contre, certains jours, je place une vingtaine de paris, cela dépend de beaucoup de choses…
« Des cotes ? »
Par forcément justement. Je crois que l’erreur de la plupart des parieurs, et moi le premier au début d’ailleurs, est de regarder les cotes et choisir un résultat en fonction de celles-ci. J’espère que ceux qui utilisent les comparateurs de cotes ne sont pas trop obnubilés par le niveau de ces cotes. Il faut choisir un résultat parce qu’on l’a travaillé, pas parce que le gain peut-être important. Les cotes des books sont justement là pour inciter les gens à parier. Il ne faut pas les regarder, autant que cela est possible même si la tentation est grande. En revanche, une fois qu’une décision d’un résultat ou d’un score exacte est prise, il peut être bon d’avoir des comptes chez plusieurs bookmakers. Personnellement, en plus de Betclic, je suis inscrit sur Unibet et Bwin, dans l’intérêt de choisir les meilleurs cotes sur les évènements. Les écarts ne sont jamais très éloignés mais bon… de toute façon je ne les regarde qu’à la toute fin.
« Quels sont tes conseils et astuces pour parier ? Peut-on savoir à combien s’élèvent tes revenus ? »
Je pense qu’il faut s’investir et surtout gérer ses gains aux paris sportifs avec prudence. Une vraie comptabilité ! Bien sûr, on peut tout faire à l’instinct et ne pas se soucier de sa bankroll, c’est ce que je faisais au début mais je ne le conseille pas, encore que certains avec qui je discute et qui sont devenus des amis marchent comme ça et arrivent à de belles sommes positives chaque mois. Chacun sa méthode, il n’y a pas de règle. Mais moi je pense qu’il n’y a pas souvent de miracle, c’est comme tout. Avant, je gagnais 40 euros, j’en perdais 20, j’en regagnais 10 puis en perdais 50. Aujourd’hui, j’ai un pourcentage de mes gains que je réinvestis le lendemain, le reste est conservé. A part des coups de folie que je m’accorde de temps en temps, je n’ai jamais misé plus de 550 euros sur un résultat, avec une cote à 1,23 que j’ai remporté (NDLR : 126,50 € de profit).
Certaines de mes journées sont positives, d’autres négatives. En 2007, j’ai fini l’année avec des gains qui ont compensé mes pertes. En 2008, j’ai fait un bénéfice de 13 256 € et 11 302 € en 2009, en finissant l’année moins bien que je ne l’avais commencé. Les 6 premiers mois ont été excellents.
Pour ce qui est des types de paris, je conseille le live betting. Je m’y suis mis récemment et n’en fait pas beaucoup, mais si vous sentez le sport et la psychologie d’un match, ça peut être intéressant. Je suis en revanche complètement contre les paris sportifs longtemps à l’avance, c’est pour mon cas quasiment que des pertes, j’ai arrêté.
« Quelles sont tes plus gros gains et pertes ? »
En pari simple, mon plus gros gain s’élève à 620 euros. En combiné, c’est là que c’est bien plus intéressant puisque les cotes se multiplient. Bien sûr, le pari est plus risqué puisqu’il faut que tous les résultats soient justes. Mais en misant 10 euros sur 4-5 matchs à des cotes entre 1,5 et 3, on peut vite arriver à des gains de 200 euros environ. Sur un combiné de 3 matchs, j’ai empoché près de 1 000 euros en 2008. Mais l’essentiel de mes paris reste des paris simples bien étudiés pour des mises aux alentours de 40 euros.
J’ai perdu une fois 380 euros sur un seul pari, la cote n’était pourtant pas très haute…
« Comment gère-t-on la pression ? »
Cela demande un investissement incroyable. Le psychisme est constamment en action. Je ne dirai pas que c’est une activité intellectuelle bien sûr, mais le mental est primordial. Un peu comme au tennis, il faut être armé pour prendre des coups et se remettre de sévères défaites.
Je crois que cela est vrai dans d’autres jeux d’argent, comme le poker par exemple. Les probabilités sont importantes au poker par exemple, mais elles ne suffisent pas à elles seules à définir une vérité. En fait, ce sont les jeux où le hasard a une place importante mais n’est pas le seul facteur. Il est un des éléments qui font que ça peut être rageant et agaçant, à s’en mordre les doigts parfois !
Je ne recommande jamais à des amis ou de la famille qui jouent pour s’amuser de s’investir plus pour en faire leur activité principale ou miser d’avantage. Il faut quand même être armé pour prendre des coups. Perdre par exemple 100 euros sur un pari, c’est dur et on ne s’habitue jamais à ce genre de « bad beat » du pari sportif. Surtout si un but arrive dans les dernières secondes, comme le match de foot Chelsea-Barcelone de l’année dernière (NDLR : ½ finale retour de la ligue des Champions le 6 mai 2009, 1-1) où le Barça a égalisé par Iniesta à la 93ème minute. Je n’avais pas parié sur ce match car quelque soit les cotes, je considère ces matchs comme de véritables 50/50. Mais sur les forums le lendemain, certains parieurs étaient dépités !
« Merci pour vos réponses ! »
Merci à vous et bravo pour Kuzeo que je suis régulièrement par flux RSS, continuez à nous informer !